Résidence (C.L.A.S) de mai à juin 2019
Nathalie Man est autrice, poétesse et street-artiste française.
Elle a été un temps journaliste. Elle colle régulièrement ses poèmes sur des murs.
Elle va travailler à leur réécriture durant sa résidence.
Autrice et poétesse, Nathalie Man a été résidente à la Maison Julien Gracq à trois reprises, en été 2015, en été 2016 et au printemps 2019.
« De jour comme de nuit
La nuit m’a oubliée.
Pourtant, je suis toujours là
Entre les murs déchus
D’une intraitable industrie. »
Les hommes sont absents, Ed. Lanskine, Paris, mars 2023
Perceptions, Ed. L’éphémère, Bordeaux, 2020
Le journal d’Elvire, Le Bord de l’eau, 2019
Histoire d’un désir, Le Laboratoire existentiel, 2019
Carnets de l’inutile, Le Laboratoire existentiel, 2019
SES RENDEZ-VOUS
Rencontre avec Nathalie Man et Olivier Favier, en résidence
Nathalie Man est poétesse. Olivier Favier est écrivain et traducteur. Ils résident pendant deux mois à la Maison Julien Gracq, de mai à juin.
Pour cette soirée de Loire ensemble, ils liront des extraits de leurs oeuvres et présenteront leur travaux en cours, accompagnés par le musicien Olivier Messager.
École Buissonnière > Georges Orwell
« Hier, jeudi 23 mai c’était l’école buissonnière à la Médiathèque de Montjean-sur-Loire !
J’ai lu des extraits de Dans la dèche à Paris et à Londres (Down and out in Paris and London), Une histoire birmane (Burmese days), Hommage à la Catalogne (Hommage to Catalonia), Une vie en lettres (A life in letters), tout en évoquant, bien sûr, La Ferme des animaux (Animal Farm) et 1984 »
Entretien avec Nathalie Man
Pouvez-vous décrire votre projet d’écriture en trois mots ? Pourquoi ce titre « Signés NM » ?
Poésie, street art, journal. En hommage et en référence à l’article paru sur mon travail et à mon insu dans le 18e du mois, journal du 18e arrondissement de Paris, un article qui s’intitule ainsi et qui est de Daniel Conrod. L’article en question peut se lire ici.
Y a-t-il des choses que vous avez apprises sur l’écriture ou le métier, le statut d’écrivain durant votre résidence cette année ?
Oui, pas mal. J’ai gagné en assurance et en lucidité tant sur le milieu littéraire et le statut d’écrivain que sur ma pratique.
Aviez-vous un endroit fétiche pour écrire?
Mon bureau ! Mais aussi sur la table dans le jardin, face au coucher de soleil pour tous les poèmes courts que j’ai écrits et que j’ai débutés parfois sur la table de la cuisine.
Pouvez-vous décrire le paysage que vous gardez en tête lorsque vous pensez à la résidence à la Maison Julien Gracq ?
La Loire, les peupliers, le pont de Varades à Saint-Florent-le-Vieil. Et ça me manque.
Bordeaux ou Saint-Florent-le-Vieil, quelle est votre préférence ? Pourquoi ?
Vous m’auriez parlé d’Ingrandes-sur-Loire, j’aurais hésité. D’ailleurs, je viens de mettre la photographie de mon collage sur le pont d’Ingrandes de mon poème « Je veux » en page d’accueil de mon site.
Je crois que je suis bien à Bordeaux malgré une carence presque criminelle d’espaces verts dont les politiques, sortants essentiellement, sont responsables.
Les gens que j’aime s’y trouvent, mais aussi beaucoup de gens que je ne connais pas encore et que j’ai hâte de découvrir.
C’est une moyenne/grande ville, donc s’offrent à moi pléthore de murs vierges et cela amène de nombreuses interventions sur mes affiches, dû à la densité de sa population.
Il est certain que ce coin de Loire est un lieu très propice à l’écriture et que sa beauté, sa fraîcheur, sa lumière me manquent. Toutefois, je ne pourrais pas envisager Saint-Florent-Le-Vieil sans la Maison Julien Gracq. Ce qui me manque c’est cet écosystème dirons-nous, ce lieu de littératures et créations, ce lieu progressiste qu’est la Maison. Sans la Maison et sans l’équipe actuelle, je ne sais pas ce que je pourrais penser de Saint-Florent-Le-Vieil. Et puis je ne connais pas assez la commune.
Vous laissez un peu de vous dans chaque endroit que vous visitez, quelle part de ces endroits vous reste ?
En ville : les murs et les gens. Dans les petites communes/ campagne comme pour cette dernière résidence, je dirais : beaucoup le paysage, la Loire, et tout cet espace entre ce paysage que je trouve magnifique, quasi-irréel, et ma personne. De cet endroit c’est la distance entre mon écriture finalement assez urbaine et ma construction personnelle très urbaine également et « la nature » que je retiendrai.
Pour les villes, ce sont toutes les interactions avec les citadins que je garde, les murs défraîchis, difficiles, les écrits urbains, etc.
© Valérie Oger
Cette résidence a-t-elle changé votre vision de l’amour, de la littérature, de votre entourage ?
Oui, plusieurs remises en cause en effet. S’il faut développer, disons que je tends désormais à plus de liberté dans tout (dans ma vie intime et dans ma création), et que je suis persuadée que, malgré un effondrement plausible de tout ce qu’on connaît, j’ai l’envie et le droit de continuer à faire ce que je fais. J’ai encore beaucoup de choses à dire.
Combien de livres pouvez-vous lire en même temps ?
Jusqu’à trois pour bien les lire. Après c’est le bazar.
Avez-vous découvert un.e auteur.e pendant votre séjour ?
Oui deux. Stanislas Rodanski et Annie Le Brun dans la Bibliothèque Remarquable. J’avais déjà vu le livre Appel d’air en 2015 et en 2016 quand j’avais séjourné l’été mais je ne l’avais jamais lu. J’étais contente d’avoir le temps de le lire enfin.
Un dernier mot ?
Que c’était super et que j’espère revenir.