Tessier, Sophie

Résidence

Passionnée de littérature, et notamment par l’oeuvre de Julien Gracq, qu’elle a rencontré plusieurs fois, elle a vécu un an au Canada pour mener à bien des travaux universitaires sur les oeuvres poétiques de Saint-John Perse et Yves Préfontaine, auteur québécois. Son intérêt très marqué pour les pays nordiques l’a également conduite en Norvège, en Islande, et surtout au Groenland dont la mythologie, la culture et les paysages exercent sur elle une profonde fascination. Elle s’y est rendue une première fois en août 2011 pour découvrir la baie de Disko en kayak, est repartie en février 2012 pour vivre en immersion dans un village de la côte est, puis y est retournée en juillet 2013, ralliant au sud les sites vikings d’Erik Le Rouge et de Leif Ericsson. C’est de son deuxième séjour, en plein hiver, qu’est né le recueil de poèmes Groenland est (éd. Aber, 2013) dont Jean Malaurie a salué « l’élégance » et qui lui a valu le Prix Poésie du Livre Insulaire en 2013.
Outre ces terres sauvages, la mer lui est de longue date source d’émerveillement. Aussi trouve-t-elle dans la pratique de la plongée sous-marine non seulement une réponse à son besoin d’évasion mais encore la promesse d’émotions sans cesse renouvelées. Si à ses yeux plonger revient à passer de l’autre côté du miroir, à risquer le « dépaysement », c’est aussi ce à quoi invite le roman qu’elle a publié en 2017 aux éditions Diabase, Varech, dont la poétique est précisément celle de l’entre-deux : l’ici et l’ailleurs, le passé et le présent, le rêve et la réalité, la grandeur de la nature et la misère de l’homme

« De son passage ici-bas, il tenait à ne laisser d’autres traces que ces formes, par nature invisibles, de la raison et du jugement qu’il avait patiemment bouturées dans l’esprit du jeune Gaspard avec l’espoir qu’elles prennent, qu’elles grandissent, même à distance de lui, ce vieux tronc exténué, et se ramifient comme des arbres de haute tige pour oxygéner chacune des pensées et des actions de sa vie. Fût-ce dans la vase et le sel. Le vieil homme souhaitait s’effacer. Disparaître sans bruit. Débarrasser le plancher comme la sciure pâlie du crépuscule qui, balayée par le vent, n’a pas le temps de peser sur les épaules du monde. »

Varech, Diabase, 2017
 


– Groenland est,
carnet de voyage poétique, Aber, 2013
(Prix Poésie du Livre Insulaire 2013)
– Gwennva an Douar Glas,
Aber, 2013
Traduction en breton de Pierrette Kermoal
– Varech,
Diabase, 2017 (Sélections Prix Plume d’Équinoxe 2017, Prix du Roman de la ville de Carhaix 2017, Prix Henri-Queffélec 2018)

Dans le cadre d’une bourse CNL